A la sueur des méharées et la vertu du Dieu unique
La caravane assoiffée ondule sous le regard impérieux d’un soleil indifférent.
Une fillette somnole bercée par le lent dromadaire.
Les paniers chargés de dattes, le cuir rebondi des gourdes ballotent;
Le pas lent des chameliers parcourt la patience du désert,
Les ombres du cortège sont un fil d’espoir dans l’immensité.

Au milieu du sable blanc, entouré du vide bleu,
Érodé par le simoun, une carcasse indique
Au milieu de l’oued asséché, un funèbre malentendu.


Perle sonore d'une chute d'eau, l'oasis accueille les passants
Respiration assoiffée, nuage de poussière sur les cils
Les bêtes blatèrent en louchant sur les palmiers élancés.

Fragrances capiteuses d’awleslis éclatantes
Les bayadères susurrent des mélopées sirupeuses.
Viennent les plateaux de cuivre garnis de méchoui l

La semoule est œuvre d’échange entre convives
Enfin le thé gicle sur les caftans colorés.
Nulle chikaya viendra troubler le festin

Au matin, perle de moiteur sur la casbah,
Le soleil s'élève, la fraîcheur s'échauffe;
Le muezzin prend son envol.

Je reviens d’un périple l’âme habillée de ton souvenir
Tes voiles m'enveloppent de douceur, ton chant de bienvenue m'émeut
Je te le dis, Aïcha nos enfants grandiront ici.

J'ai marché sur la mer et connu leurs geôles
J'ai vu leurs grandes cités et respiré leurs malheurs
je l’affirme, notre désert est plus accueillant.
J’étais assis sur la ligne entre terre et sable
Je laissais derrière, ma naissance, mes dattes
Pour les miens, j’allais là bas louer mes bras.
Au fond du cœur subsistaient comme miettes d’un festin
Des parfums, couleurs et frissons d’un jadis à jamais disparu,
Il resurgit magnifique là, au détour de ton sourire.
Le monde peut grandir devant mes yeux affamés
Mon cœur se contient dans ton regard .
Montre moi le petit né de mon départ, ce futur caïd.

Bruno Mémin